arrow back
Retour aux articles

Bilan carbone ou ACV : diffèrences et complémentarités

L’ACV et le Bilan Carbone sont des notions que l’on entend partout lorsque l’on parle de RSE. Découvrez dans cet article leurs différences et leurs complémentarités.

Michel Richard
October 13, 2021
Sommaire
Découvrir Waro

Le Bilan Carbone et l'ACV, deux méthodes d’analyse d’impact.

 

Face à l'urgence climatique, les entreprises et organisations sont de plus en plus conscientes de l'importance de la gestion de leur impact environnemental. Le Bilan Carbone et l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) sont deux méthodes permettant de mesurer l'impact des produits, activités et services d’une entreprise. Ces étapes sont essentielles pour mettre en place une stratégie de réduction d’impact environnemental.

Si ces deux méthodes partagent la même mission, elles diffèrent en termes d'approche, de critères et de portée. Dans cet article, nous vous présentons ces deux approches, leurs différences et leurs complémentarités.

Qu’est-ce qu’un Bilan carbone ?

Le bilan carbone, qui s’appelle en réalité un bilan GES, est une méthodologie qui répertorie l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) induites par l’activité d’une entreprise. Ces émissions se traduisent par l’indicateur le plus connu aujourd’hui : le CO2 équivalent ou CO2eq.Un bilan GES peut-être plus ou moins détaillé en fonction du ou des scopes étudiés :

  • Le scope 1 : Sont prises en compte uniquement les émissions liées à la consommation directe de combustibles carbonés par l’entreprise
  • Le scope 2 : Sont prises en compte les émissions de GES liées à la consommation indirecte d’énergie de l’entreprise. Par exemple, l’électricité peut-être une source indirecte d’émission de GES car pour la produire il faut par exemple brûler du charbon.
  • Le scope 3 : Sont prises en compte les émissions qui ne sont pas liées à la consommation énergétique de l’activité de l’entreprise. Cela concerne notamment toutes les émissions liées aux activités amont et aval de sa chaîne logistique : achat de matières premières, transports, etc.

Il existe plusieurs méthodologies pour calculer son bilan GES, dont la plus connue est la méthodologie Bilan Carbone (initialement développée par l’ADEME et maintenant déléguée à l’Association Bilan Carbone). Cela explique que l’on entende fréquemment le terme « bilan carbone » pour « bilan GES » en France.

Et d’ailleurs pourquoi les GES ?

C’est l’indicateur associé au réchauffement climatique : quantifier des émissions de GES permet de le traduire une augmentation ou diminution de la température terrestre. Comme la plupart des accords comme ceux de Paris se basent sur les scénarios de réchauffement climatique, il est alors logique de prendre cet indicateur en priorité.

Il a aujourd’hui l’intérêt d’être connu de tous, de permettre de rendre la donnée compréhensible pour les décideurs et de parler un même langage pour définir une stratégie internationale cohérente.

Définition et explication de l'ACV

L'ACV, ou Analyse de Cycle de Vie, est la méthode privilégiée pour évaluer l'impact environnemental d'un produit, service ou projet tout au long de sa durée de vie. Elle est considérée comme la méthode la plus avancée et scientifiquement solide pour instaurer une stratégie d'écoconception.

Durant une ACV, tout le cycle de vie du produit est pris en compte. Ce cycle comprend 5 étapes :

  1. Matières premières : extraction, transformation et approvisionnement.
  2. Production du produit final : assemblage, conditionnement, construction, etc.
  3. Distribution : vente, livraison, entre autres.
  4. Utilisation : consommation, maintenance, etc.
  5. Fin de vie : récupération, acheminement, recyclage, gestion des résidus, etc.

Quelles différences entre le bilan carbone et l’ACV ?

Le Bilan Carbone et l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) sont deux méthodes essentielles pour évaluer l’impact environnemental. Bien qu'ils aient des objectifs communs en matière de durabilité, leurs approches, critères et périmètres varient considérablement.

  

Approche et périmètre d’application des deux méthodes :

Le Bilan Carbone se concentre sur une approche rapide et simplifiée, axée avant tout sur l’empreinte carbone globale de l'entreprise sous un angle opérationnel et organisationnel.

 L'ACV (Analyse du Cycle de Vie) évalue les impacts environnementaux d'un produit ou service durant toutes ses phases de vie. Autrement dit, elle se centre sur toute la chaîne de valeur, depuis la matière première jusqu'à son recyclage ou sa fin de vie.

 

Critères utilisés pour chaque méthode :

La méthode du Bilan Carbone est basée sur un unique critère, à savoir les émissions de gaz à effet de serre. (GES)

L’ACV est multi-critères. Non seulement elle considère les émissions de CO2, mais elle évalue également d'autres éléments tels que la consommation d'eau ou l'impact sur les sols.

Intérêt et limites du bilan carbone

L’intérêt primaire d’un bilan GES est de découvrir ses postes de « dépense carbone ». En effet, en ayant accès à une donnée quantifiée que l’on peut regrouper en différents postes, on peut déterminer où agir en priorité pour réduire ces émissions. Il devient alors possible de mettre en place un plan d’action basé sur des indicateurs chiffrés pour réduire ses émissions de GES : on est capable d’adopter une stratégie RSE efficace.

Ce bilan permet également de répondre aux exigences réglementaires : en France toutes les entreprises ayant au moins une entité (filiale) avec plus de 500 salariés doivent effectuer un bilan GES de scope 1 et 2.

⚠️ Attention, la plus grande partie des émissions GES des entreprises du secteur des biens de consommation résident dans le scope 3 (généralement entre 80 et 95%) : il est donc fortement recommandé de le faire et la loi devrait évoluer pour rendre le scope 3 obligatoire.

Il existe deux limites principales pour le Bilan Carbone :

  • Il ne prend en compte qu’un seul indicateur parmi beaucoup d’autres. Les GES ne traduisent qu’une partie de la donnée environnementale et d’autres indicateurs comme l’épuisement de ressources naturelles ou l’impact sur la biodiversité sont importants à prendre en compte pour refléter l’impact global d’une entreprise sur son écosystème.
  • Il ne permet pas aux entreprises de communiquer de manière efficace à leurs consommateurs qui leur achète non pas une entreprise mais un produit !Enfin, l’empreinte carbone d’une entreprise n’est pas rapportée à la valeur ajoutée d’une entreprise. Une manière simple de traduire ce problème est qu’une entreprise même « vertueuse » pour la planète, dès lors qu’elle croit, va augmenter son empreinte carbone. Cependant, la croissance d’une telle entreprise va permettre de se substituer à des solutions plus polluantes et sa croissance est donc vertueuse. C’est ici qu’on commence à apercevoir l’intérêt de rapporter la mesure au niveau produit.

Le bilan carbone et l'Analyse de Cycle de Vie : deux méthodes complémentaires

Ainsi, l’ACV – voir notre article sur l’ACV – est complémentaire avec le bilan GES. On peut redescendre à l’échelle produit pour dans un premier temps réduire l’impact de ses produits avec de l’écoconception et dans un second temps communiquer au consommateur final les impacts environnementaux (et pas exclusivement en CO2eq !).

En parallèle, le bilan GES permettra d’avoir des données globales pour les décisions stratégiques et de traduire ses données sous un unique indicateur. Si l’on souhaite ensuite avoir des informations plus granulaires, par exemple sur des lignes de produits, on pourra rassembler les données d’ACV de plusieurs produits pour les obtenir. Tout l’enjeu ensuite sera de faire le pont entre les données environnementales issues de l’ACV et celle issues du bilan GES.

Nous avons également vu que les entreprises de plus de 500 collaborateurs sont tenues d’effectuer un bilan GES. Le penchant pour l’ACV est l’affichage environnemental (français par l’ADEME et européen avec la PEF*) qui s’appuient sur cette méthodologie pour créer une note sur les produits.

💡 L’affichage environnemental français est déjà en phase d’expérimentation pour le textile et sera rendu obligatoire en 2023. L’ameublement est également en phase d’expérimentation et suivra probablement un an plus tard. Alors autant s’y préparer en avance !
Consultez notre article sur l’affichage environnemental ici.

Enfin, le travail fait sur le scope 3 d’un bilan carbone sera utile pour réaliser ensuite des ACV. En effet les informations recueillies auprès de vos fournisseurs (données secondaires) seront réutilisables en grande partie pour les ACV !

Le bilan carbone est donc souvent la première étape pour définir une stratégie RSE, l’ACV permet ensuite de consolider sa stratégie, de réduire l’impact de ses produits et de communiquer auprès de son consommateur.

* PEF : Product Environmental Footprint

À ne pas manquer
Recevez chaque mois les actualités réglementaires et nos conseils pour vous aider à les décrypter.
Vous recevrez bientôt la prochaine news !
Erreur, merci de réessayer s'il vous plait.
Articles similaires
L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) : définition et principes
Qu’est-ce que l’impact environnemental d’un produit ?
Qu'est-ce que le “green marketing” et pourquoi est-il aussi important aujourd’hui?