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Affichage environnemental textile (France) : le guide complet 2025–2026

Ce guide propose une lecture opérationnelle et à jour du dispositif français d’affichage du coût environnemental applicable aux vêtements.

Benjamin THOMAS
September 22, 2025
Sommaire
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Résumé de l'article

De quoi s'agit-il ?

Dispositif public français d’affichage environnemental textile : un score unique (“coût environnemental”) qui permet de communiquer l'impact environnemental d’un vêtement sur tout son cycle de vie. Plus le score est élevé, plus l’impact est fort.

Calendrier clé

  • 15 sept. 2025 : ouverture du portail de déclaration.
  • 1er oct. 2025 : entrée en vigueur de la phase volontaire. Chaque marque qui le souhaite peut communiquer le coût environnemental de ses produits
  • 1er oct. 2026 : si une marque n’a pas publié le coût environnemental de ses produits, des tiers (distributeurs, ONG, plateformes…) pourront les calculer et les publier sans l'accord de la marque.

Qui est concerné ?

Tous metteurs sur le marché français de vêtements (adulte & enfant). Exclusions notables : chaussures, accessoires, cuir, seconde main, EPI B2B, non-habillement, textile à usage unique.

Introduction — de quoi parle-t-on ?

L’affichage environnemental textile est le dispositif public qui informe les consommateurs, via un score (le “coût environnemental”), de l’empreinte environnementale d’un vêtement sur l’ensemble de son cycle de vie.

Son déploiement débute à l’automne 2025, avec une entrée en vigueur au 1er octobre 2025 pour les textes qui encadrent calcul et communication, et la mise en ligne du portail de déclaration le 15 septembre 2025.

1) Qu’est-ce que le « coût environnemental » et comment est-il calculé ?

Le coût environnemental est un score multicritères (plus la valeur est élevée, plus l’impact est important) qui agrège 16 catégories d’impact de l’ACV (issues du cadre Product Environmental Footprint) et y ajoute des compléments spécifiques au textile ****(microfibres, export hors UE), puis applique un coefficient de durabilité au score agrégé.

Comment est-il calculé ?

  • ACV complète du vêtement : matières → transformation (filature, formation textile, teinture/ennoblissement, confection) → transport/distribution → usage → fin de vie .
  • 16 indicateurs PEF : même normalisation que PEF, avec une pondérations des indicateurs adaptées : écotoxicité en eau douce doublée, toxicité humaine (cancer & non-cancer) à 0 % dans le score unique.
  • Compléments spécifique “hors ACV” :
    • Relargage de microfibres (points selon la part de fibres libérées)
    • Export hors UE des vêtements usagés collectés (pénalité)
  • Affichage du coût environnemental : un score en points représentant le coût total et le coût pour 100 g, pour faciliter la comparaison entre coupes/poids différents.

Comment fonctionne le coefficient de durabilité ?

Ce coefficient module la durée de vie estimée du produit selon la probabilité que le vêtement soit porté longtemps et/ou réparé.

Il est donc proposé que la durabilité non-physique d’un vêtement soit estimée à partir de 2 critères liés à l’action de la marque :

Deux critères pèsent chacun 50 % dans la coefficient de durabilité :

  1. Incitation à la réparation (prix de réparation vs prix de vente, existence d’un service de réparation reconnu)
  2. Largeur de gamme (nombre de références dans une catégorie : plus la gamme est large, plus le renouvellement est rapide, et donc la durabilité supposée plus faible)

Les 5 segments de marché considérés sont : femme, homme, enfant, bébé, sous-vêtements. L'introduction de ces 5 segments de marché vise à éviter un effet de distorsion qui pénaliserait une marque couvrant l'ensemble des segments de marché par rapport à une autre marque qui ne couvrirait *qu'un ou plusieurs segments (*par exemple que le prêt à porter femme).

À l'intérieur de ces segments de marché, ne sont pas considérés les références qui ne s'adresseraient qu'à un sous-ensemble spécifique des clients potentiels. Il s'agit par exemple des références spécifiques aux grandes tailles, aux femmes enceintes, aux personnes en situation de handicap.

Ces 2 critères seront ensuite combinés pour obtenir un coefficient de durabilité, compris entre 0,67 et 1,45. Ce coefficient de durabilité sera ensuite intégré dans le calcul du coût environnemental.

Ainsi, les vêtements de marques particulièrement vertueuses auront un coefficient de durabilité élevé (1,45), à l’inverse les vêtements issus de marques de type « ultra fast fashion » auront un coefficient de durabilité bas (0,67). Ce coefficient viendra par la suite moduler le coût environnemental d'un vêtement à la baisse pour les marques les plus vertueuses et à la hausse pour les vêtements issus de marques d'ultra fast fashion.

Le critère « affichage de la traçabilité » a été supprimé dans la version finale du décret.En pratique, des valeurs par défaut s’appliquent si la marque ne fournit pas ses données (ex. largeur de gamme élevée par défaut, absence de service de réparation, etc.), ce qui augmente le coût environnemental final du produit.

2) Calendrier d’application

  • 15 septembre 2025 : ouverture du portail de déclaration
  • 1er octobre 2025 : entrée en vigueur — phase volontaire, seules les marques (où les acteurs ayant reçu l’accord de la marque) peuvent publier les coûts environnementaux de leurs références sur le portail de déclaration public.
  • 1er d’octobre 2026 : si la marque n’a pas publié les coût environnementaux de ses produits, des tiers (distributeurs, ONG, plateformes…) peuvent calculer et publier le coût environnemental sans accord préalable de la marque, en s’appuyant au minimum sur les paramètres obligatoires.
À retenir : dès lors qu’un coût environnemental est déposé sur le portail de déclaration, n’importe qui peut l’utiliser pour sa communication, même avant le 1er octobre 2026.

3) Qui est concerné ? (périmètre & exclusions)

Acteurs concernés : tous producteurs, importateurs, distributeurs qui mettent des vêtements sur le marché français, quelle que soit l’origine (entreprises françaises ou non).

Produits inclus (textiles d’habillement) :

Produits concernés par le décret d'affichage environnemental textile

Spécificités :

  • décret applicable aux vêtements adultes et enfants
  • catégories spécifiques (ex. soutien-gorge) seront à préciser/compléter au fil des mises à jour méthodologiques

Exclusions actuelles (non exhaustif) : textile à usage unique, textile non destiné à l’habillement, chaussures, accessoires, cuir, produits seconde main, vêtements dans lequel il y a plus de 20 % de masse non textile ou matériaux non modélisés, composants électroniques, EPI non vendus directement à des consommateurs.

4) Quelles données sont nécessaires pour calculer le coût environnemental ?

Pourquoi les données sont la clé ?

Le calcul du coût environnemental des produits nécessite la collecte de nombreuses données couvrant toutes les étapes du cycle de vie des produits : matières premières, fabrication, transport, usage, fin de vie.

Les enjeux d’une collecte de données précises :

  • Eviter que les calculs s’appuient sur des valeurs par défaut souvent pénalisantes,
  • Valoriser vos efforts d’écoconception,
  • Garder le contrôle de sa communication environnementale.

En parallèle de l’affichage environnemental, ce travail de collecte de données vous fera gagner du temps en vous permettant d'alimenter d'autres exigences réglementaires : CSRD, ESPR, bilan carbone (scope 3), ou Digital Product Passport.

Quelles données collecter ?

La première étape pour déployer l’affichage environnemental consiste à identifier et collecter les données minimales obligatoires.

Données obligatoires (pour un score conforme) :

  • Catégorie du produit
  • Segment marché du Produit (Homme, Femme, Enfant, Bébé, Sous-vêtement)
  • Masse du produit fini
  • Composition matières (nature & pourcentages)
  • Traçabilité (tissage, teinture, confection)
Le score est calculé par référence de vente (= couleur unique), sur une taille représentative unique.

Données optionnelles (recommandées pour avoir des résultats plus précis)

Elles affinent la modélisation et évitent les valeurs par défaut :

  • Statut neuf vs reconditionné ; largeur de gamme (nb de références) ; prix de référence ; offre de réparation ;
  • Origine des matières premières, filature ;
  • Type/% de surface imprimée, délavages ;
  • Part de fret aérien ; liste d’accessoires, etc. .

5) Comment communiquer le coût environnemental ?

Où et comment l’afficher

  • Au point d’achat : étiquette en magasin ou page produit en ligne (visuel standardisé, voir charte graphique ministérielle) .
  • Deux nombres obligatoires : le score total et le score rapporté à 100 g ; plus la valeur est élevée, plus l’impact est fort .
  • En ligne : le portail public rend accessibles les résultats et les paramètres déclarés ; l’étiquette numérique doit respecter la signalétique officielle (se référer à la charte) .

Portail de déclaration

Les acteurs qui communiquent le coût environnemental doivent déclarer les données et le score sur le portail de déclaration public. La DGCCRF peut contrôler la véracité des paramètres (composition, pays…) en s’appuyant sur les obligations préexistantes (étiquetage, loi AGEC, etc.).

Seules certaines données déposées sont publiques :

  • l’identification du produit
  • le coût environnemental et sa date de calcul
  • la décomposition du coût environnemental sur les 16 indicateurs
  • le nom de l’entité qui a calculé le coût environnemental
  • la méthodologie utilisée

Toutes les autres données déposées sont accessibles uniquement par les agents de l’Etat habilités pour les contrôles et le suivi du dispositif.

Les coûts environnementaux déposés sur le portail de déclaration peuvent être mis à jour tous les 3 mois et doivent être mis à jour au plus tard 12 mois après l’évolution de la méthodologie.

Exigences de communication du décret sur l’affichage du coût environnemental

  • Toutes les marques qui communiquent un autre score d’impact (exemple : impact CO2) doivent obligatoirement communiquer le coût environnemental.
  • La communication du coût environnemental est possible sur le site marchand de la marque et/ou en physique sur les étiquettes produit. Le coût environnemental doit être au minimum aussi grand que la police du prix.

6) Pourquoi agir maintenant alors que la phase est “volontaire” ?

Garder la main sur vos scores et sur le narratif :

Dès octobre 2026, si une marque n’a pas publié le coût environnemental d’un produit, des tiers (distributeurs, ONG, médias, apps…) pourront le calculer et le publier en suivant la méthodologie officielle, sans accord préalable de la marque.

Or, faute de données spécifiques, ces tiers utiliseront les valeurs par défaut d’Ecobalyse, qui tendent à dégrader le score. Résultat : un coût environnemental plus élevé que si la marque renseigne ses propres données. Publier vous-même les coûts environnementaux dès maintenant vous garantit une représentation fidèle de vos produits.

  • Éviter les défauts conservateurs : l’absence de données entraîne des hypothèses pénalisantes (pays, transport, durabilité…). Anticipez la collecte pour sécuriser vos scores et vos conversions .
  • Condition d’obligation : si vous communiquez un autre score agrégé (ex. empreinte carbone sur vos pages produits), vous devez co-afficher le coût environnemental officiel (cohérence des scores exigée) .

Anticiper pour maîtriser les données et tenir le délai de déploiement

Déployer l’affichage environnemental exige une hygiène de données importante et pouvant être chronophage :

  • Cartographier les données déjà disponibles (BOM, masses, % matières, pays par étape, procédés, transports).
  • Identifier les manques de données dans l’ERP/PLM/PIM et les combler.
  • Coopérer avec les fournisseurs pour obtenir des informations fiables.
  • Impliquer l’équipe IT pour l’interopérabilité (APIs, outils d’ACV, formats Ecobalyse, gouvernance de versions).

Le temps moyen d’implémentation que nous constatons chez nos clients (pour une collection complète) est d’environ 6 mois. Plus vous commencez tôt en 2025, plus vous serez prêt pour 2026. En anticipant, vous pourrez également réduire la charge opérationnelle liée au nettoyage de données, au mapping des données et au calcul des coûts environnementaux de vos produits.

Gagner un avantage compétitif dès 2025

Calculer vos scores en 2025 permet de :

  • Comparer vos produits aux médianes de catégorie et cibler avant publication publique vos écarts (benchmark « privé »).
  • Identifier les hotspots (matières, procédés, usage, fin de vie) et orienter l’éco-conception des prochaines collections.
  • Former vos équipes Achats, RSE, Produit aux nouveaux outils et processus pour fluidifier la montée en charge 2026.

Mutualiser vos effort avec vos autres obligations réglementaires

Les jeux de données nécessaires au coût environnemental servent aussi à :

  • L’ESPR (Règlement Produits Durables) et son futur acte délégué ;
  • Le Scope 3 du bilan GES (la part la plus importante du bilan ; achats, transport, usage) ;
  • Le reporting CSRD (ESRS E1) et le DPP (passerport produit).

L’investissement de 2025 vous permettra de nourrir plusieurs chantiers réglementaires et stratégiques à venir.

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